Valluis Avocats

Nathalie Valluis, Avocat – Septembre 2024


Créé en 1992, le PEA a été doté d’un régime fiscal avantageux pour inciter les particuliers à investir dans les entreprises (favoriser le financement en fonds propres).

DES POSSIBILITÉS D’INVESTISSEMENTS VARIÉES

Les titres éligibles sont nombreux. Ils incluent, notamment :


  • les actions
  • les parts de SARL
  • les actions de SICAV / parts de FCP / parts ou actions d’OPCVM de l’UE ou l’EEE qui emploient plus de  75% de leurs actifs en titres éligibles.

L’émetteur :

  • doit avoir son siège en France, dans l’UE ou dans l’EEE, ce qui explique les difficultés liées au Brexit
  • être soumis à l’impôt sur les sociétés ou à un impôt équivalent.

Le titulaire du plan, son conjoint ou partenaire (PACS) et leurs ascendants et descendants («groupe familial») :

  • ne doivent pas, pendant la durée du plan, détenir ensemble, directement ou indirectement, plus de 25 % des droits dans les bénéfices de sociétés dont les titres figurent dans le plan
  • ou avoir détenu cette participation au cours des 5 années précédant l’acquisition de ces titres dans le plan.

Les choix d’investissement sont donc très ouverts.

UN RÉGIME FISCAL AVANTAGEUX

La Loi «Pacte» (n°2019-486 du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises) a rendu le régime fiscal du PEA particulièrement intéressant en autorisant, notamment :

  • les retraits partiels dès 5 ans à compter de la date d’ouverture du plan (contre 8 ans auparavant)
  • les nouveaux versements sur le plan, dans la limite du plafond global de 150.000 euros, y compris après un retrait partiel (contre un blocage des versements après le 1er retrait auparavant).

Elle ouvre également une possibilité de retrait sans clôture (mais fiscalisé) avant 5 ans :

  • en cas «d’accident de la vie» (licenciement, invalidité, mise à la retraite anticipée du titulaire du plan ou de son époux / partenaire PACS)
  • des titres de sociétés en liquidation judiciaire.

Les cas de retraits «Dutreil» et force majeure, préexistants, sont maintenus.

Ainsi, l’exonération d’impôt sur le revenu n’est pas remise en cause si le retrait avant 5 ans est lié  :

  • au financement de la création ou de la reprise d’une entreprise (retraits «Dutreil») : les sommes ou valeurs retirées du plan doivent être affectées à ce financement, dans les trois mois suivant le retrait
  • au décès du titulaire du plan.

 

SYNTHÈSE DU RÉGIME FISCAL

QUI PEUT OUVRIR UN PEA ?

Contrairement à ce qui avait été envisagé, la Loi «Pacte» n’a pas créé de «PEA jeune». Elle a modifié la définition du titulaire du PEA «classique» et mis en place un plafond de versement différencié.

 

Désormais, toute personne physique majeure dont le domicile fiscal est situé en France peut ouvrir un (et un seul) PEA.

 

Mais :

  • les majeurs rattachés au foyer fiscal d’un autre contribuable ont un plafond de versements cumulés de 20.000 euros
  • les majeurs non rattachés conservent le plafond de versement antérieur de 150.000 euros.

 

Le dépassement du plafond est un dysfonctionnement entraînant clôture du PEA (avec toutes ses conséquences fiscales).

 

Le non-respect du seuil spécifique de 20.000 euros peut, en plus de la clôture, être sanctionné par une amende (2% du montant des versements surnuméraires).

 

L’établissement gestionnaire suit le plafond de droit commun de 150.000 euros mais ne peut pas contrôler le respect de celui de 20.000 euros (il ne dispose pas des éléments nécessaires). Il informe le titulaire, à l’ouverture du plan, de l’importance de cette condition. C’est ensuite à ce dernier de s’assurer qu’il ne dépasse pas ce seuil tant qu’il est rattaché.

LE CAS PARTICULIER DES TITRES NON COTÉS

Le gain potentiel, sur le non coté, est à la hauteur du risque pris (absence de liquidité, faillite…). L’exonération des plus-values peut donc s’avérer très intéressante.

En revanche, l’exonération des produits est, pour ces titres, plafonnée à 10 % du montant du placement (prix de souscription ou d’acquisition).

 

Pour un investissement de 1000, l’avantage fiscal porte sur une distribution annuelle maximale de 100. Au-delà, le dividende est soumis à l’impôt selon les règles de droit commun.

 

Les titres non cotés étant au nominatif, l’établissement gestionnaire du PEA a des moyens de contrôle limités.

 

L’inscription et le suivi de ces actions s’effectuent donc selon une procédure précise qui implique étroitement l’actionnaire et la société émettrice. 

Trois documents formalisent les engagements de chacun.

 

Organisation et vigilance doivent être les maîtres mots, pour l’actionnaire comme la société, sur la durée de l’investissement.

 

Il serait dommage, en cas de succès économique, de perdre le bénéfice de l’exonération pour une négligence parfois ancienne (exemple : dividende versé sur le compte personnel de l’actionnaire au lieu du compte espèce du PEA).