Valluis Avocats

Nathalie Valluis, Avocat – Septembre 2024

Les plus-values de cessions de titres sont soumises au même régime fiscal de droit commun que les intérêts et dividendes. En revanche, le rôle de l’établissement payeur et l’impact de l’option pour le barème progressif sont sensiblement différents.

PAS D'INTERVENTION DE L'ETABLISSEMENT PAYEUR

En cas de paiement de dividendes et intérêts, l’organisme qui verse les revenus au bénéficiaire (“établissement payeur”) a des obligations fiscales : prélèvement à la source d’un acompte de 12,8% et des prélèvements sociaux, gestion éventuelle des demandes de dispenses (voir Articles sur les intérêts et les dividendes).

 

Rien de tel pour les titres. Le cédant reçoit l’intégralité du prix de cession. La taxation, en cas de plus-value (prix de vente supérieur au prix d’acquisition des titres), sera effectuée par l’administration fiscale (impôt sur le revenu et prélèvements sociaux), sur la base de la déclaration de revenus déposée en mai/juin de l’année suivant la cession (mai/juin 2022 pour les ventes réalisées en 2021).

 

 

CALCUL DE L'IMPOT SUR LE REVENU

L’impôt s’applique à la plus-value globale nette, c’est à dire après imputation, sur le total des plus-values brutes, des éventuelles moins-values de cession de l’année ou restant en report au titre des années antérieures. 

 

Une fois cette première étape effectuée, l’impôt est déterminé, comme pour les intérêts et dividendes :

  • En appliquant à la plus-value nette, sans aucun autre retraitement (pas d’abattement ou de déduction de frais et charges), un taux fixe de 12,8%
  • Ou, sur option du bénéficiaire, en appliquant le barème progressif. Rappelons que cette option est globale (applicable aux intérêts, dividendes et plus-values), annuelle et expresse.

En cas d’option, la détermination de la base taxable est relativement complexe. Elle dépend en effet de la date d’acquisition des titres et de leur durée de détention.

 

Les prélèvements sociaux (CSG, CRDS, prélèvement de solidarité, au taux global de 17,2%) s’ajoutent à l’imposition sur le revenu, quel que soit le régime fiscal applicable (taux fixe de 12,8% ou barème progressif). Ils sont calculés sur la plus-value nette globale avant tout abattement ou déduction de frais et charges.

 

 

 

SPECIFICITES EN CAS D'OPTION POUR LE BAREME PROGRESSIF

Les titres acquis avant le 1er janvier 2018 sont susceptibles de bénéficier, en cas d’option pour le barème progressif, d’un abattement pour durée de détention de : 

  • 50 % pour une détention d’au moins 2 ans et moins de 8 ans
  • 65 % pour une détention depuis au moins 8 ans

Pour la détermination du taux d’abattement, la durée de détention est calculée de date à date à partir de la date de souscription ou d’acquisition des titres. Le cédant doit donc être en mesure de prouver la date d’acquisition et la détention continue des titres.

  • Exemple : acquisition le 15 mars N, détention de moins de 8 ans au 1er janvier N+8 mais de plus de 8 ans au 16 mars N+8

Attention : L’abattement pour durée de détention a été supprimé pour les titres acquis ou souscrits à compter du 1er janvier 2018.

 

Les moins-values de cession ne doivent pas faire l’objet d’un abattement. Cela résulte d’un arrêt du Conseil d’Etat du 12 novembre 2015 (n°390265). Seules les plus-values sont susceptibles d’en bénéficier. Le calcul se fait comme suit :

  • Gains nets imposables déterminés après imputation des moins-values brutes sur les plus-values brutes. Le choix d’imputation est libre.
  • Application de l’abattement pour durée de détention au solde ainsi obtenu, en fonction de la durée de détention des titres dont la cession a fait apparaître les plus-values subsistant après imputation des moins-values.

 

OPTION BAREME PROGRESSIF : UN EXEMPLE S'IMPOSE

  • Plus-value sur titres A acquis après le 1er janvier 2018 (pas d’abattement) : 20 000
  • Plus-value sur titres B détenus depuis 6 ans : 30 000
  • Moins-value sur titres C : 25 000

Application de la moins-value sur la plus-value relative aux titres A, puis application du solde de moins-value sur la plus-value relative aux titres B soit :

  • Plus-value nette sur titres A : 0 (PV 20 000 – imputation MV 20 000)
  • Plus-value nette avant abattement sur titres B : 25 000 [30 000 – (25 000 – 20 000 )]
  • Abattement de 50 % à appliquer sur les 25 000 car les titres sur lesquels portent la plus-value sont détenus depuis plus de deux ans et moins de huit ans
  • Plus-value effectivement taxable de 12 500

 

 

CONSEQUENCE : UNE COMPLEXITE ACCRUE

La coexistence de deux régimes (taux fixe et barème progressif) et, en cas d’option, de règles distinctes en fonction des titres (date d’acquisition) implique que le cédant procède :

  • A des calculs pour vérifier s’il a intérêt à opter pour le barème progressif ou pas (en tenant compte des intérêts et dividendes puisque l’option est globale)
  • En cas d’option pour le barème progressif, à un arbitrage sur l’ordre d’imputation de ses moins-values sur les plus-values réalisées, en tenant compte de l’ensemble de ses opérations de cessions (notamment en cas de comptes-titres détenus dans plusieurs établissements)

Les établissements qui gèrent les comptes-titres ne peuvent pas calculer les plus-values nettes, même quand ils connaissent la durée de détention de tous les titres (ce qui n’est pas toujours le cas), car ils ne savent pas si leur client a d’autres comptes ailleurs.

 

 

 

SYNTHÈSE DU RÉGIME FISCAL